Seule avec trois enfants...ou comment je (ne) gère (pas) mon quotidien
Voilà de nombreux mois que je n'ai pas pris le temps de raconter un peu mon quotidien de maman de famille nombreuse... Et pour cause ! Au moment meme où j'écris ces mots, jene suis pas certaine de ne pas devoir m'interrompre.
On dit souvent que passer d'un enfant à deux est plus aisé que de passer de deux à trois, où la différence se fait durement ressentir. A vrai dire, je ne peux pas le certifier. Je n'ai jamais eu à passer d'un enfant à deux, si ce n'est pendant 8 minutes (qui, certes, m'ont paru une éternité, mais ce n'est pas une raison... n'est-ce pas ?). Ce que je peux affirmer, en revanche, c'est que gérer les différents rythmes d'enfants qui n'ont pas le meme age relève souvent de la prouesse !
Combien de mois n'ai-je pas eu le temps de manger, tout simplement parce que, malhabile à préparer le repas, je me suis retrouvée prise au piège de midi tapante, un bébé affamé sur les bras, ne tetant pas par fatigue exacerbée, surstimulé par ses grandes soeurs s'agitant autour de lui, en quete d'activités ? Et meme, une fois la machine bien huilée, les bocaux de haricots verts prets à chauffer dans la casserole dès 11h, le jambon pré-coupé dans le frigo attendant la division en deux assiettes égales (je suis adepte du jambon haricots, oui, j'assume cette indisponibilité culinaire), le petit pot siégeant sagement devant le micro-onde (en mère indigne je suis totalement incapable de les faire moi-meme pour le moment, sinon c'est également à mon petit-déjeuner que je devrais dire au revoir), je me suis retrouvée prise au piège de cet incroyable faille temporelle que connaissent toutes les mamans : celle de 11h à 12h30/13h.
J'ai bien essayé de manger en donnant la cuillère au bébé, tout en servant de l'eau, coupant le fromage, ouvrant les yaourts aux languettes réfractaires, reprenant les grandes sur les "s'il te plait" et les "merci", évitant de justesse la bouche obstinément fermée qui s'essuie sur le transat, la main qui attrape la cuillère pleine qui s'avance, hésitante, les doigts qui tiraillent les oreilles de fatigue juste après avoir frotté la bouche barbouillée, les pieds aussi habiles que leurs congénères supérieures qui tantot sautent joyeusement dans tous les sens, tantot remontent jusqu'au visage pour finir ce que les mains n'avaient pas achevé...
Le problème vient peut-etre de ce que je n'aime pas tellement les haricots en boite...?
Et quand enfin le repas est fini, quand les dents sont lavées, les bouches essuyées, quand le tour des pipis est passé...et qu'enfin j'arrive, par bonheur, à mettre tout ce petit monde à la sieste en meme temps (ce qui, très honnetement, est un casse tete de timing très corsé)... il faut encore que je compose avec les cacas retardataires (ils ont une façon de se manifester spécialement en position couchée chez nous, chez vous aussi ?), les soifs inextinguibles, les bavardages incessants et bruyants, qui mettent en péril le sommeil du petit dernier...quand ce n'est pas lui qui met en péril celui de ses soeurs : les bercements, les calins alors que lui se tord d'excitation dans des bras qui l'agacent, la meme berceuse, inlassablement, qui n'endort pas aussi souvent qu'escompté, et l'allaitement, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie... Pour manger, pour compléter la tétée précédente prise dans trop d'agitation et écourtée, pour compléter le complément, pour caliner, pour machouiller, pour tellement de choses encore que je ne soupçonne pas, qui lui sont propres et que j'aime, mais qui m'agacent aussi au plus haut point quand je ne reve que d'une chose : regagner mon lit, m'allonger, jouer un peu à ce jeu de geek de Clash of Clans : prendre du temps pour moi.
Et quand par miracle tous dorment en meme temps (ça arrive !), je n'ose meme pas me lancer dans une activité de peur que l'un d'eux se réveille ! Une douche tout au plus, babyphone branché sur la table à langer de la salle de bain, et c'est souvent en serviette et les cheveux ruisselants que je dois remonter pour une tétine, un pipi, ou je ne sais quoi encore. Serviette sur la tete, l'effet est garanti et c'est souvent que je redescends avec, dans les bras, un bébé complètement ahuri par mon nouveau look...
J'ai fini par renoncer à me coucher en meme temps qu'eux, je me soucie encore de me laver, fort heureusement, mais je mentirai en affirmant qu'il n'arrive pas que je saute ma douche. Je manque sans doute d'organisation, et depuis quelques mois cela va déjà mieux : je prends les filles à la salle de bain avec moi lorsque Keo dort le matin, confinant ainsi les cris et éclats de voix. En revanche, je redoute cet hiver lorsque nous ne pourrons plus sortir dans le jardin pendant ses siestes. Je passe mon temps à demander à mes enfants de se taire pour ne pas réveiller leur frère/soeurs ! Et le plus improbables, dans tout ça, c'est que lorsque je laisse mes filles à mes parents, et que le calme règne à nouveau dans la maison... mon fils s'ennuie d'elles et de la vie qu'elles apportent à notre quotidien, rale sans presque discontinuer et peine à se coucher !!!